Diagonale Dunkerque-Hendaye

, par Nicole Ricard

Compte-rendu rédigé par Pascal - Photos de Philippe

-* DUNKERQUE-HENDAYE OCTOBRE 2023 23092

Fin Septembre, je suis contacté par Philippe DEVEAUX pour accompagner le dénommé Antoine GARCIA dans leur tentative de Diagonale Dunkerque-Hendaye (DH pour les initiés). Le parcours qu’il propose passe par le bac de BLAYE. Compte tenu des horaires, cela ne me semble pas le plus raisonnable. Il me laisse carte blanche pour une alternative avec comme objectif de minimiser le surcroit de la distance. Ce qui signifie que je n’ai que quelques jours pour étudier la trace et trouver des hébergements (chambre à trois lits tout de même). Étalage des cartes et création des traces sur OP……. Et c’est parti. Autres contraintes, la disponibilité d’Antoine et le mouvement social annoncé pour le vendredi 13 octobre.

  • SAMEDI 7 OCTOBRE - 2023 ALBI-DUNKERQUE

Rendez-vous est pris devant la gare de TOULOUSE MATABIAU. Le temps de mettre mon vélo en housse, Antoine et Philippe arrivent en vélo. Pendant le début du trajet, le train longe le canal de MOISSAC désormais de joyeuse mémoire pour Francis TOUZEAU, Jean Michel VERMEIRE et moi.

La traversée de PARIS entre les deux gares n’échappe pas au jardinage pour trouver la bonne rue au départ de MONTPARNASSE. Séance photo de NOTRE DAME depuis un pont sur l’ile de la Cité. L’attente en gare d’AMIENS permet l’apposition des plaques de cadres pour les deux compagnons de route. Une fois les vélos à l’abri dans l’hôtel près de la gare de DUNKERQUE, nous filons diner, la nuit est déjà tombée. Bière locale, galette puis crêpe suffiront pour nous rassasier. A noter que les prévisions météorologiques sont des plus favorables. Et pourtant nous sommes en octobre. Le dérèglement climatique pour sûr.

  • DIMANCHE 8 OCTOBRE 2023 - DUNKERQUE-PACY SUR EURE (281 km)

Le pointage à l’hôtel de police permet à l‘agent de découvrir ce que sont les diagonales et surtout de localiser HENDAYE !
Un départ matinal en octobre signifie plusieurs heures de roulage de nuit. Ce n’est que passé SAINT-OMER que le paysage change. Fini la platitude et le fait de longer les canaux. Mais la température est très agréable. FRUGES et sa boulangerie permet un rapide remplissage des estomacs. Je pars avant eux, car je sais ma progression plus lente dans les vallonnements. Ceci devenant une constance jusqu’à HENDAYE. Passage au pied de la cathédrale d’ABBEVILLE. Philippe se charge des photos et d’informer le groupe de nos suiveurs via réseau social.
Le parcours nous fait longer un canal via piste cyclable comme pour ne pas trop désaccoutumer Philippe. HUPPY et son confortable divan en extérieur est l’occasion d’un stand bricolage du vélo d’Antoine et d’ouvrir nos boites de raviolis.
Les vallonnements picards puis du pays de BRAY nous occupent tout l’après-midi.
Dans SAINT GERMAIN / BRESLE, des enfants m’interpellent pour que je leur ramène leur ballon qu’ils ont envoyé au-delà de l’aire de jeu grillagé dont ils ne peuvent sortir ! Une fois fait, ils me remercient et souhaitent même que je repasse au cas où le ballon se retrouve à nouveau esseulé de l’autre côté de la route.
ABANCOURT atteint, le café ouvert 7/7 365/365 est le bienvenu. Antoine reste dehors pour garder les vélos, il boira donc sur le trottoir.

Autre fait notable en octobre, le soir descend vers 19 heures, c’est peut-être un détail pour vous mais pour nous cela veut dire chasuble, éclairages et fraicheur. Un tour de place dans les ANDELYS pour un arrêt ravito.

Une fois le tout (diner et petit déjeuner) réparti entre nous, nous filons le long de la SEINE, puis montons pour franchir l’A 13 et parvenir à notre hôtel à PACY SUR EURE.
Le phare avant d’Antoine s’éteint dans le bas de la descente avant HOULBEC COCHEREL. Heureusement l’éclairage public est encore en service. Il nous suit donc sagement désormais.
La cause : la sacoche avant ballotée a appuyé sur le contacteur du phare, raison que nous découvrons une fois dans la chambre d’hôtel !
L’hôtelier depuis sa fenêtre à l’étage nous donne les explications pour rejoindre notre chambre. Un escalier à franchir. Philippe se charge de monter le vélo d’Antoine en plus du sien.
Une organisation se met en place : l’un se douche, les autres ouvrent leur boite de saucisses lentilles et autres crèmes aux œufs. Les uns dorment, le dernier se douche. Philippe tabule dans son lit pour le groupe créé pour l’occasion. S’en est bien fini de mes diagonales incognito. Nous incitons Antoine à manger. Son manque évident d’appétit ne l’empêche toutefois pas de « fort respirer » une fois endormi mais peu longtemps, ouf ! Pas envie de regarder IRLANDE ECOSSE, la priorité reste au sommeil.

  • LUNDI 9 OCTOBRE 2023 - PACY/EURE-LOUDUN (282 km)

Lever 3 heures 30, petit déjeuner chacun sur son lit, eau chaude du robinet pour un café tiède histoire d’y tremper quelques biscuits agrémentés de riz au lait et fromage blanc. Même allégés de denrée nourricière, les vélos pèsent tout de même encore pas mal. Je me charge de descendre le vélo d’Antoine. Nous repartons donc, pour quasiment trois heures de route en nocturne. Un peu plus frais ce matin, mais encore acceptable. Philippe et Antoine caracolent dans les montées, je les enfume dans les descentes, il faut bien se faire plaisir quand même. Pas mal de camions en cette fin de nuit, la proximité d’un centre d’entreposage en sera l’explication.

SENONCHES : arrêt boulangerie. Rapide discussion avec un autre client qui a fait un 200 la veille. Nous ne ratons pas la photo contrôle à LA LOUPE. MONDOUBLEAU sera l’occasion pour Antoine de confronter son épiderme au revêtement. Taboulé et coca avant de reprendre la route vers SAVIGNY SUR BRAYE où comme convenu Jean Pierre MARY nous retrouve. Une rencontre agrémentée de pâtisseries et eau pétillante dont l’excédent -fort calorique ma foi- remplira nos sacoches. Merci à lui. Dans CHEMILLE SUR DEME, des travaux nous incitent à suivre la déviation mais nous rebroussons vite chemin compte tenu de la distance supplémentaire induite.
Au pied de la montée suivante, la chaine du vélo de Philippe traine par terre. Mon multi outils fait meilleur usage que le sien. Mains sales et marge horaire annihilée. Pascal PAINEAU prévenu par Jean Pierre MARY de notre avancée en conformité avec notre feuille de route (FR pour les initiés) pense nous avoir raté. Mon phare le rassure. Nous entamons alors une bonne discussion notamment sur ses lunettes de vue cycliste, un pot pointage à BEAUMONT LA RONCE et nous filons vers la LOIRE. Pascal PAINEAU doit rejoindre ses pénates tourangeaux et nous laisse entre PERNAY et SAINT MARS LA PILE.

Empruntant le trottoir du pont franchissant la LOIRE, je suis très peu rassuré compte tenu de sa faible largeur. Point de regard pour le fleuve, sécurité prime. Ouf. Désormais un petit contre la montre s’engage car la supérette repérée dans CHINON ferme à 20h15.
J’incite Antoine et Philippe à partir devant pour faire utiles emplettes pour le diner et le petit déjeuner prévu à LOUDUN. Nous nous retrouvons devant ladite supérette. Finalement, j’ai moins jardiné qu’eux pour la trouver. Philippe et moi remplissons le panier dont le contenu remplit fort sacoches et poches de maillots. Les bananes sont tenues par un sandow sur le sac arrière de Philippe. Je n’aurais pas à utiliser mon mini sac à dos. J’informe notre hôte de notre probable horaire d’arrivée. Comme attendu, la moyenne horaire baisse. La signalisation horizontale fournit son aspect hypnotique. Il fait bien nuit lorsque nous entamons la route vers LOUDUN.

Un ami de notre hôte -parti en intervention sanitaire- nous accueille à sa place malgré l’heure tardive, et prodigue toutes les explications pour utiliser les commodités. Le micro-ondes réchauffe les plats préparés. Antoine reste dans sa logique : peu manger. Il décide même de dormir sur le canapé du rez de chaussée alors qu’un lit est disponible à l’étage. Un adepte de la sobriété voire de la frugalité ?

  • MARDI 10 OCTOBRE 2023 - LOUDUN-LIBOURNE (278 km)

Lever 3h 15. Un peu plus de temps pour nous préparer ce matin. Il faut dire qu’un petit déjeuner complet ne se refuse pas. Une fois trouvé un DAB, nous pouvons quitter cette cité en possession de ce que de droit pour satisfaire à la preuve de notre passage.
Encore une relative grande route, son vallonnement qui met à mal la moyenne horaire escomptée et son flot de camions. POITIERS n’est pas si loin. Pointage photo à LUSIGAN  : horaire théorique respecté, point besoin de flash pour nos smartphones. La fatigue se fait sentir, le peu de notes sur mon MOLESKINE est en la preuve. Je fais moins d’arrêt que Philippe qui rend compte régulièrement de notre avancée. Je traverse le marché de LEZAY et poursuit sur SAINT VINCENT LA CHATRE. Une déviation à la sortie du village m’incite à appeler Philippe pour lui indiquer que je tente de poursuivre sans en tenir compte. Un message vocal : Philippe a cassé sa chaine.

Faute d’outil adéquat, je n’ai pas d’alternative, je rebrousse chemin. Je le rappelle en lui suggérant de chercher un marchand de cycles même hors parcours en m’attendant. Que le petit vent m’aide bien. Dans l’intervalle, Philippe a trouvé un réparateur sur le marché. Il faut oublier le respect de l’horaire. Un nouveau pont est en construction sur la D 948 que nous devrons contourner. Mes pneus de 35 font merveille dans les cailloux et sur la terre. Le retard augmente mais confirmés que Philippe et moi sommes, nous savons que l’étape est prévue, le sommeil seul en pâtira. CHEF BOUTONNE : arrêt alimentation. Le panneau de CHATEAUNEUF EN CHARENTE est dans la mémoire de nos smartphones. L’alliance de la température (30°C) et du ratio distance / dénivelé n’arrangent pas nos affaires. Arrêt boulangerie à BARBEZIEUX SAINT HILAIRE en prévision du petit déjeuner et histoire de négocier un plateau repas à notre hôtel à LIBOURNE.
Le vallonnement s’atténue enfin et il est temps d’entamer les forces restantes pour filer autant que de possible vers LIBOURNE. Le revêtement suinte sous nos pneus entre MONTGUYON et GUITRES sans que nous ayons convergé sur la raison. Philippe file vers l’hôtel car passée l’heure limite (23 heures) de la présence du « veilleur de nuit », nous dormirons dehors. Que l’approche de LIBOURNE fut longue. Si le plateau repas négocié fut appétissant et copieux, Antoine reste fidèle à son principe. Les yeux se ferment alors qu’il est presque mercredi. Nous avançons encore notre heure de réveil. Last but not least.

MERCREDI 11 OCTOBRE- LIBOURNE-HENDAYE (251 km)

Lever 3 heures, petit déjeuner frugal mais c’est mieux que de partir à jeun. Toujours dans la nuit, la boulangerie de CROIGNON où nous nous restaurons et réchauffons quelque peu est la bienvenue. 3° C m’indique le GPS. Nous y voilà dans cette forêt landaise, ses longues lignes droites, son revêtement parfois rugueux. Il faut se convaincre qu’au bout il y a outre l’océan, une grosse agglomération à traverser auparavant. Dans la nuit, je sens encore l’odeur du feu. 10 heures arrivent, il est grand temps de remplir la panse de raviolis en boite pour ne pas changer.

Des clients du supermarché entament la discussion alors que nous sommes adossés aux vitrines. C’est un peu dur pour se relever ! Désormais, nous longeons voire enjambons l’A 63. Tiens la température sur le GPS a décalé la virgule d’un cran vers la droite depuis ce matin : 31°C. Petite cause, grand effet.

Depuis hier après-midi Antoine, soulage son fessier droit et ne repose plus que sur le côté gauche de cette partie d’anatomie. Cela donne l’impression qu’il prépare un virage serré.
Serge TENDIL nous accueille à SAINT GEOURS DE MARENNES. Outre la température, le trafic routier devient conséquent. Rien à voir avec la CHALOSSE que je privilégiais lors de mes précédentes arrivées en pays basque.
Les VIDEAU nous attendent à LABENNE. Comme chaque fin d’étape, Antoine fait des écarts, ce qui n’est pas sans nous inquiéter. Philippe et moi alternons le rôle de serre-file vis-à-vis du trafic routier. Serge immortalise notre passage le long de l’ADOUR puis en plein BAYONNE pour attester notre passage. En tant que local, il nous évite quelques dénivelés. Une fois le pot de tradition avalé et fort apprécié par Antoine, nous poursuivons sur SAINT JEAN DE LUZ.
Un parking souterrain en construction sera le seul changement notable avant de traverser la NIVELLE. Je profite plus longtemps de la corniche et sacrifie à la photo de nageurs de fin de journée. La mer est on ne peut plus calme. Beaucoup de public juché sur la corniche guettant l’instant idéal pour saisir qui sait le rayon vert ? Plusieurs portions de route sont restreintes. L’océan grignote le trait de côte. Photos selfie devant le panneau d’HENDAYE.

Pour certains, parvenir à cet endroit s’en est fini. Mais une diagonale ne l’est jamais tant que la Marianne n’est pas apposée. Antoine veut voir le bord de mer. Nous longeons donc la plage d’HENDAYE. Pas mal de baigneurs à la nuit tombante. Tant qu’à faire, de la plage il va en longer. Tant et plus, que je retrouve plus mes repères pour retrouver l’hôtel de police. Un radio guidage grâce à Philippe sera nécessaire. La grille s’ouvre devant nous pour laisser sortir une voiture. La conductrice nous interroge sur notre présence. Un court dialogue s’engage.
 Que voulez-vous ?
 Faire apposer un tampon de l’hôtel de police pour attester de notre arrivée à HENDAYE.
 L’hôtel de police est ailleurs en ville.
 Pourtant nous avons l’habitude de faire pointer nos carnets de route à cette adresse.

Sur ces entrefaits, une policière de la PAF est arrivée, et accoutumée indique connaitre le principe du tampon à celle qui s’avère être la Directrice de la PAF !
Nous rangeons nos vélos, la Directrice part et nous suivons la policière dans le local.

Date et heure sont calligraphiées sur chaque carnet. Entre temps ce sont avec 4 policiers que les échanges se poursuivent. La policière pense que le vélo à cette intensité devrait lui faire perdre du poids. Compte tenu de sa silhouette, je n’en suis pas convaincu. Il est temps de rejoindre IRUN et découvrir les larges pistes cyclables de cette autre ville frontière au bord de l’eau.
Vélos rangés derrière le comptoir, douche prise, nous buvons puis dinons et buvons. Le plat principal ne restera pas dans ma mémoire mais ce fut très nourrissant !

  • JEUDI 12 OCTOBRE 2023 - IRUN-TOULOUSE

Grasse matinée au programme. Petit déjeuner succinct et en route pour la gare d’HENDAYE. Nouvel emprunt de la large piste cyclable, très peu de trafic en Espagne à cette heure. Tant mieux.
Philippe et Antoine achètent leur billet pour BAYONNE. Philippe annonce alors que notre train part en fait d’une autre gare. Challenge ultime (?) la rejoindre en 15 minutes ! Et nous voilà nous engageant dans une voie sans issue -pentue de surcroit- qui finalement n’en sera pas une. Une fois dans le train, nous demandons à la contrôleuse de quelle gare est parti le TER dans lequel nous sommes. De la gare d’HENDAYE.
hilippe aurait-il eu un problème de hauteur de vue pour lire le panneau d’affichage ? A moins que le TGV sur le premier quai lui ait donné à penser que cette gare est une spécifique TGV. Quoiqu’il en soit BAYONNE LES DEUX JUMEAUX est atteinte. Je démonte mon vélo puisque seuls deux vélos non démontés sont acceptés dans l’INTERCITES vers TOULOUSE. Le chef de train m’annonce que ma housse n’est pas une housse et que les billets de Philippe et Antoine ne précisent pas le supplément vélo dont ils doivent s’acquitter au guichet. Mais le guichet est fermé pour travaux. Discussion entre une responsable de la gare et le chef de train. Cela me semble mal engagé au vu de leur interprétation contradictoire du règlement. Finalement, nous devrons tous trois payer le supplément vélo au tarif train et non guichet mais je dois remonter mon vélo une fois le train en mouvement sous le regard du chef de train. L’essentiel est sauf. Finalement, l’achèvement d’une diagonale n’intervient-il qu’une fois revenu au domicile ?
Une suite au prochain numéro.

En conclusion : merci aux 5 saristes qui ont pris le temps de nous accompagner.
Une fenêtre météorologique favorable pour octobre. Ce ne sera pas le cas les semaines suivantes pour les tentatives prévues.

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