Deux vélos en Amérique du Sud (S5 à S7)

, par Annie Carensac

Textes extraits des compte-rendus faits par Annie

  • Salta - les vallées Calchaquíes

Cette fois, nous quittons définitivement la ville de Salta pour aller explorer vers le sud les vallées Calchaquíes par la sinueuse ruta 33 et ses nids-de-poules.
Dans la plaine, la route est bordée de part et d’autre par de grands champs de tabac où les paysans s’affairent. La route commence à monter en pente douce. Petit à petit la vallée devient plus étroite et la végétation plus luxuriante. En contrebas, le fleuve Escoipe où court très peu d’eau en cette saison. La montée se fait de plus en plus sévère. La vallée s’élargit. Les dégradés de rouges et de verts apparaissent ainsi que les premiers cactus candélabres.

Nous arrivons à notre Hostería (2200m) perdue au bord de la route où Esperanza nous accueille, le seul endroit où il y a possibilité de logement avant le col.
Le lendemain, pas d’échauffement pour l’exercice. C’est parti directement pour 23 km de montée. 500m après le départ, la route se transforme en piste. Un peu plus loin, un panneau annonce "la cuesta del obispo". Humour ! Il nous semblait pourtant être déjà en côte ! L’heure avançant, la circulation se fait plus dense, voitures, bus et quelques camions. A chaque passage, on est dans un nuage de poussière. La piste est large, ça monte dur, l’altitude n’aide pas.
La deuxième moitié est une succession d’étroits lacets circulant entre monts pelés et prairies d’altitude. Retour du goudron 3 km avant le Col. Nous reprenons notre souffle et profitons de la vue avant d’attaquer les 3 derniers km restant. Le Col de la Piedra del Molino est atteint. Nous voilà à 3457 m.

Après le col, l’horizon se dégage, la route s’élargit. Changement radical de paysage. Nous nous retrouvons sur un immense plateau d’altitude sec, aride et venteux, cerné de montagnes rugueuses et hérissé de milliers de cactus candélabres. Une route droite traverse cette zone semi-désertique sur 14 km, au cœur du Parc national Los Cardones.
Paysage plutôt austère. Puis la descente sur Cachi s’amorce enfin, notre point de chute de cette longue journée, à 2280 m d’altitude.
Nous sommes maintenant sur la mythique ruta 40. Nous nous dirigeons vers le sud, Cafayate. A partir de Cachi, c’est à nouveau de la piste sur 136 km. Notre première étape de 48 km sera bien suffisante. Cette piste est difficile, sableuse et caillouteuse. Nos pneus trop étroits ne sont pas adaptés pour ce genre de terrain. Malgré tout, autour de nous, les montagnes aux diverses couleurs nous réconfortent.

Le lendemain, courageusement, nous revoilà sur la piste

qui se fait plus tortueuse, entre canyon et désert. Cette fois, c’est vraiment du sable, trop de sable. Nos roues patinent, s’enfoncent, dérapent. Il faut une grande concentration pour choisir son passage. Nous pédalons, glissons, descendons, montons, poussons, recommençons, inlassablement. Là aussi, nous respirons beaucoup de poussière lors du passage des véhicules. Il fait chaud, le soleil tape dur. Nous arrivons exténués après 43 km dans un petit village où nous allons pouvoir nous reposer. Là, nous décidons de trouver une solution pour terminer les 50 km de piste restants. Nous nous entendons avec un chauffeur de pickup qui nous prendra avec nos vélos le lendemain. D’une manière générale, les Argentins ont toujours des solutions. Il n’y a pas de problème.

Après avoir traversé à nouveau des paysages fascinants, nous retrouvons
avec soulagement la route bitumée qui nous paraît maintenant bien facile.
Pour nous remettre de toutes ces heures de piste poussiéreuse

et faire une mise à jour de nos vélos, une escale de 2 jours à Cafayate est nécessaire. C’est une petite ville tranquille entourée de beaux vignobles et de "bodegas" , à 1660 m d’altitude, au cœur d’un cirque de montagnes peintes de l’ocre au vert. Nous en profitons pour déguster le Torrontés, un cépage de vin blanc typique d’ici.

  • Cafayate / San Juan

Presque à regret, nous quittons cette petite ville agréable de Cafayate en direction de San Miguel de Tucuman que nous devrions atteindre dans 3 jours.

Bien reposés, nous voilà sur une route bien lisse et plate - quel bonheur après les pistes - les vignes bordent la route, en contrebas des montagnes. Nous sommes sur la route des vins.

Nous quittons la ruta 40 pour bifurquer à gauche sur San Miguel de Tucuman. Changement brutal, la route est toute craquelée, des nids de poule. On se console. A choisir entre piste et route pourrie, on garde la route pourrie. Là, les vignes ont disparues pour laisser place à du sable. Paysage désertique. Sable, cactus, broussailles. Quelques côtes, sinon, ça ne serait pas drôle. Avec en prime le vent de face qui ne manque pas de se lever tous les jours vers 11h. Il commence à faire bien chaud. Nous arrivons à notre 1ère étape, Amaicha del Valle. Et là, un vent terrible et chaud souffle fort, soulevant le sable par bourrasques. Le sable s’incruste partout et cingle notre visage. Nous essayons de trouver un endroit abrité pour notre casse-croûte que nous avalons rapidement.

Nos vélos sont à nouveau poussiéreux.

Ici, dans ce village où il ne pleut quasiment jamais, nous dit-on, le vent froid du Sud rencontre le vent chaud du Nord, d’où les tourbillons de sable pris au piège dans ce creux de vallée.
Malgré le vent, nous profitons de l’après midi pour aller visiter le museo Pachamama, complexe insolite planté dans un paysage désertique et parsemé de sculptures en pierre et jardin de cactus.

Le lendemain, plus de vent. Nous savons que nous devons à nouveau passer un col à 3000 m. D’ailleurs, dès la sortie du village, pas de répit, nous attaquons directement la montée. Une montée régulière, tantôt sur route bien lisse, tantôt sur route bien crevassée. Paysages toujours désertiques cernés par les montagnes. Nous traversons quelques hameaux. Par ici, les gens vivent de l’artisanat (bibelots et tapis). Au fur et à mesure de notre montée, il n’y a plus que les roches, les cailloux, la montagne, et quelques maisons isolées. Après une trentaine de kilomètres, nous arrivons enfin au Col "El infiernillo" à 3042 m.

Il fait plutôt frais à cette altitude.

La descente sur la ville de Tafí del Valle nous surprend par le changement radical de paysage. Nous nous retrouvons presque comme dans les Pyrénées. De la végétation, des cultures, des sapins. Tafí del Valle où nous passerons la nuit est une station d’altitude (2000). Nous profitons de l’air frais.

Le lendemain matin, la descente continue à travers une végétation dense. Il fait frais. La descente devient une succession de lacets

pour se terminer enfin sur une route complètement plate qui nous amène à San Miguel de Tucuman sous le soleil et la chaleur retrouvés. C’est le jour des élections présidentielles. Le soir, après les résultats, un grand tintamarre se fait entendre dans les rues. Ceux qui sont satisfaits du gagnant se manifestent à grands coups de klaxon.

Nous sommes maintenant arrivés à San Juan après 12h de bus. Au terminal de bus, nous sommes remarqués et interpellés par une journaliste du journal local "Huarpe". Une interview suivra... 

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