Quatrième (et dernière) étape pour la qualification au Paris-Brest-Paris 2023 validée, les 20 et 21 mai en terre Occitane.
Partir pour un BRM 600, c’est considéré comme un truc de fous pour les uns ou comme un grand voyage pour les autres. Certains considèrent même que c’est une épreuve sportive. C’est un peu de tout cela à la fois. C’est un peu comme si on disait en partant de Toulouse, demain soir on est devant la Tour Effel. En fait, il faut relativiser, c’est juste une étape supplémentaire pour se rassurer et pour savoir si on est capable déjà d’aller de Paris à Brest, et du pont Albert Louppe, prendre son temps et admirer la rade.
Rien ne vous certifie que vous êtes en capacité de revenir à Paris..
Nous étions 23 au départ de Lisle-sur-Tarn à 5h du matin et les amis du club cyclo local « Les Déjantés » avaient bien fait les choses. Les viennoiseries nous attendaient au Bar « L’Olivier », le bar des cyclos.
Des anciens côtoyaient des nouveaux, chacun se racontant les histoires de BRM ou de PBP. Le Président de l’Amicale des Diagonalistes, maître des lieux, dictait son tempo. Entouré de sa garde rapprochée (deux délégués fédéraux, son garde du corps, Daniel, un des rédacteurs permanents du « Petit Diagonaliste », et de nombreux multi-récidivistes). Une équipe de choc prête à affronter les pires évènements météo à venir.
Léa, la seule fille, était elle aussi bien entourée.
Tout ce petit monde, dans une nuit bien noire, avala la vallée du Tarn à vive allure. Et comme d’habitude, par affinités sans doute et par capacité sûrement, de petits groupes se formèrent et c’est ainsi que tout ce petit monde gagna l’Aveyron et Saint-Affrique, ville d’accueil de la prochaine assemblée générale de l’Amicale des Diagonalistes (fin août 2024).
Pour nous, une halte chez Ginette, à Versols, s’impose à chaque passage. On y déguste le gâteau au yaourt autour d’un petit café et on est prêt pour affronter la vallée de la Sorgues et surtout la côte de Cornus.
Les plateaux s’enchaînent ensuite. D’abord celui du Larzac avec une halte au Caylar (lieu d’accueil du Festival Roc en Sel dédié au voyage lent), puis celui du Guilhaumard avec ses petits cols et ses odeurs de brebis. On croit qu’on va enfin descendre, mais non. Certains se souviennent encore du bois de la Ramasse au nom prédestiné. On descend la vallée de la Vèbre, les corps ont soif, les ventres ont faim.
Ca tombe bien, quelques jeunes filles (le fan club) en villégiature dans le coin nous apportent des vitamines. La nuit nous surprend au col de Caunan (le 5ème de la journée) et nous comprenons qu’un détour s’impose pour passer dans le village natal (Boissezon) de notre Président et organisateur.
Après avoir traversé Castres à vive allure, nous retrouvons les autres à Saix, point ravitaillement et dodo. Les uns prennent le repas du soir, d’autres dorment à peine alors que les plus rapides en sont au petit-déjeuner. Tout ce petit monde se croise, échange et fait la pause sous le regard bienveillant de l’équipe organisatrice. Une équipe au top, tout à nos petits soins. Pour un peu, on a honte de se faire dorloter de la sorte.
Merci, chers amis « Déjantés » de vous être aussi bien occupé de nos corps et de nos estomacs.
Au petit matin, nous repartons gaillards et plein d’entrain, prêts à en découdre avec la pluie qui s’annonce.
Un nouvel ange gardien, arrive à notre rencontre. Il s’agit de Francis qui rentre à peine d’une Euro-Diagonale (Menton-Bari) et d’un périple dans les Pouilles. Lui aussi a tout prévu. On passe à sa porte et le petit-déjeuner est prêt. C’est pas le moment d’être au régime. Le saucisson et les rillettes côtoient le pain, beurre et confiture.
La petite bande poursuit son chemin et retrouve le groupe de Jean-Michel, Sylvain, Léa et Alain à Moissac. On échange encore sur la densité de la pluie et chacun reprend son rythme. Antoine et son copain, Christian, suivent à quelques encablures.
A Caussade, la pluie cesse. Ca tombe bien Daniel nous invite chez lui pour une partie de « pâtes ».
En fait, dans un brevet, on ne se souvient que des arrêts et de ce qu’on mange. Pédaler devient tellement banal, qu’on n’y pense même plus. A Saint-Antonin, l’horizon se dégage, mais à la sortie de Cordes, ça coince un peu. Tout d’un coup, la route s’élève et ce n’est plus banal, elle monte et pour certains, elle monte beaucoup.
Le reste n’est que formalité. La bière à l’arrivée, les copains et les copines retrouvées, et ceux qu’on attend pour s’assurer que tout le monde est bien rentré.
Un week-end ordinaire diront les blasés, un week-end parfaitement maîtrisé par l’organisation, donc un week-end extra-ordinaire pour nous tous. Et cerise sur le gâteau, la joie et le sourire de ceux qui faisait leur premier BRM 600 et le plaisir d’avoir son sésame pour le futur PBP 2023.
On reviendra c’est sûr à Lisle-sur-Tarn.
Texte et photos : Philippe Deveaux